Le phénomène des démarcheurs prend de plus en plus de l’ampleur au Gabon et semble manquer d’encadrement de la part des autorités compétentes, au regard des faits sur le terrain. Entre arnaque et banditisme, les populations qui font recours à ces services ne savent plus à quel sein se vouer.
À Libreville, au Gabon, chercher un logement semble désormais rimer avec faire recours à des démarcheurs. Un phénomène grandissant qui s’est installé dans le quotidien des librevillois, augmentant de façon significative leur budget locatif.
En effet, il n’est pas rare de sillonner les rues de Libreville, la capitale gabonaise, sans voir des affiches de maisons à louer sur les murs avec les prix des visites mentionnés, ou simplement, avec un numéro de téléphone dont, l’interlocuteur au bout du fil est un démarcheur.
Une situation presque dangereuse pour les populations qui se paient les services de ces derniers. Car, si ce n’est pas le montant de la visite qui est élevé (de 2000 à 5000 francs CFA), c’est le montant demandé pour qu’ils cherchent la maison pour vous. Une démarche qui s’élève souvent à 30.000 francs CFA ou plus.
Dans les deux cas de figure, l’argent déboursé par le client n’est pas remboursable. C’est-à-dire, que la maison que vous avez visitée, qu’elle vous plaise ou non, vous devez payer les 5000 francs CFA de visite. Donc, si vous visitez 10 maisons, vous dépensez 50.000 francs CFA. Ce qui fait le prix d’un loyer à pièce unique (Chambre par exemple). Même son de cloche pour ceux qui paient 30.000 francs CFA afin que le démarcheur cherche la maison pour eux.
Aussi, au-delà de dépenses financières, les populations sont parfois exposées au phénomène du braquage organisé. Car souvent, les fameux démarcheurs sont en fait des bandits qui entraînent les demandeurs de logements dans des zones dangereuses. Une fois sur les lieux, ces malfrats dépouillent le client en lui arrachant argent, portable et bijoux.
Pour solidifier le contenu de notre article, nous nous sommes rapprochés de certains Gabonais qui ont déjà été victimes des faits susmentionnés. « J’ai déjà tout vu dans l’affaire de chercher les maisons dans Libreville. Une fois, j’ai failli me faire violer par un soi-disant démarcheur qui m’a amené dans les fins fonds de Plein-Ciel. Heureusement pour moi, j’avais de la famille dans le quartier et il a fait de la prison », nous a confié Rubelle.
De l’autre côté, James nous a expliqué qu’il a déjà dépensé plus de la moitié de l’argent qu’il avait prévu pour son loyer, à force de payer 5000 francs CFA à chaque visite. « Un jour, alors que je cherchais une chambre de 50.000 francs dans la zone d’Owendo, j’ai dépensé 30.000 francs CFA en visitant 6 maisons. Je ne savais plus quoi faire ».
Pour Edgard Nguema, Responsable d’une agence immobilière, « pour ne pas tomber dans les filets des petits bandits, il faut passer par une agence qui vous fait signer un document en cas de pépin et vous rassure. Mais, le problème est que les gens n’aiment pas attendre. Ils cherchent la maison lorsqu’ils déménagent dans un ou deux jours ».
Malgré l’existence d’une loi encadrant l’exercice de l’activité de démarchage, nombreuses sont les personnes qui s’improvisent dans ce secteur. Toute chose qui mérite que les autorités compétentes jettent un regard, afin non seulement de réguler le secteur, mais de protéger la population contre ces pratiques malsaines.
Warren Okolo