Comme de nombreuses administrations publiques depuis le début de la Transition, l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) a connu une mue avec des nominations à foison. Omer Ntougou a été propulsé en qualité de Secrétaire exécutif de l’agence et Christian Tchemambela, son prédécesseur, a été nommé en tant que Chargé d’études à l’Agence d’exécution de la filière forêt bois. Dans l’opinion, ce chamboulement ne manque pas de critiques.
Après des remous du Syndicat national des Ecogardes du Gabon (SYNEG), les autorités de la Transition ont opté pour une restructuration en profondeur du staff dirigeant de l’ANPN au profil de nouveau visages certainement plus à même de répondre aux préoccupations des grévistes et aux enjeux de préservation de l’environnement. Dans la foulée, Christian Tchemambela, le Secrétaire exécutif en fonction jusqu’à hier, jeudi 19 octobre 2023, a été muté à l’Agence d’exécution des activités de la filière forêt-bois. Désormais, c’est à Omer Ntougou que revient la gestion de l’agence.
Dans le même temps, plusieurs directions, conseillers et conservateurs ont été mutés. C’est le cas du conseiller technique, du conseiller chargé du Tourisme, du conseiller militaire, du directeur financier, du directeur des opérations et des Conservateurs. Si le signal des autorités de la Transition est clairement celui de permettre une nouvelle dynamique à cette entité pour faire évoluer la conservation au Gabon et les hommes qui font cette activité, certaines mutations posent un problème de forme et de fond institutionnel.
Christian Tchemambela, Chargé d’études : une incongruité décisionnelle
À la surprise générale, Christian Tchemambela, du haut de son titre de Secrétaire exécutif est passé d’un poste à responsabilité à celui d’exécutant comme chargé d’études. Si cette nomination à valeur de préserver ce haut cadre de l’Etat dans le couloir de l’emploi, elle transparaît comme une méconnaissance des règles de gouvernance et dans le cas spécifique de nominations. En effet, l’évolution, que l’on soit au public ou au privé, répond généralement à des systèmes de valorisation ascendante. Ce qui consiste à passer d’un poste d’exécutant par exemple à celui de responsable. Or dans le cas spécifique, c’est tout le contraire qui s’est produit avec la nomination de Christian Tchemambela.
Selon certaines voies, ce dirigeant irréprochable paye le prix de son lien avec Lee White, ancien ministre des Eaux et Forêts. Ses états de service, en dépit de l’étroitesse de son pouvoir décisionnel au temps de l’ancien régime, sont irréprochables. S’il était vrai que ses rapports avec le SYNEG étaient tendus, le ministre des Eaux et forêts, très à droite a certainement été mal conseillé sur ce coup. La nomination de ce haut cadre au simple poste de Chargé d’études est une entorse qui met en évidence une incongruité décisionnelle que le CTRI aurait bien pu se passer. Surtout pour l’image des dirigeants auprès des bailleurs de fonds dont le souffle de l’ANPN dépend en grande majorité. Rappelons tout de même que c’est un homme hautement capé qui a dirigé l’ANPN pendant près de cinq ans dans un contexte difficile. Une mauvaise façon pour le Gabon de récompenser ses talents.
Nzamwil de Ndoumbou