Présent au Gabon pour des raisons professionnelles, l’économiste et financier ivoirien Tidjane Thiam a été reçu ce jour, mardi 03 octobre 2023 en audience, par le ministre de l’Economie, Mays Mouissi. Les deux hommes ont échangé sur la nouvelle politique de digitalisation de l’administration et des finances publiques.
Introduit au cabinet du ministre de l’Economie par Charles M’ba, ministre des Comptes publics, les deux hommes ont échangé sur les mécanismes de digitalisation de l’administration et leur impact sur la mobilisation des recettes fiscale afin de lutter contre la fraude et bien d’autres maux qui gangrènent les pays africains, notamment le Gabon où la corruption et la fraude ont pris une place importante dans les canaux officiels.
En effet, avec un indice de perception de la corruption de 71/100 points, le Gabon était classé en 2022 136e pays moyennement corrompu au monde. Mais entre ces statistiques et la réalité apparente, il existe un fossé qui n’est pas souvent pris en compte par les agences d’alerte tel que Transparency. Chaque année, le pays perd l’équivalent de 500 milliards de francs CFA du fait de la corruption. En plus des mesures répressives prises telles que celles judiciaires prises par les autorités, la digitalisation des procédures administratives liées aux paiements peuvent être un excellent moyen de contourner ces difficultés.
Novateur, ce moyen de contournement de la fraude et la corruption permet une meilleure mobilisation des recettes fiscales par la traçabilité financière et la réduction de la fraude fiscale qu’elle garantit. Le développement de ce mécanisme, moins contraignant pour les entreprises et même pour les usagers, permet en effet de faciliter l’accès aux services financiers à tous, tout en stimulant l’économie en y intégrant le secteur informel. C’est à en point douter, selon les spécialistes de la question, un gage pour une gestion efficace et transparente des recettes publiques.
D’un point de vue nationale, vont faire remarquer les deux intervenants, tous deux spécialistes des questions économiques et financières, la digitalisation est un catalyseur pour la modernisation du système financier national, mais aussi pour accroître l’inclusion financière, permettant ainsi à plus de citoyens d’accéder et de participer activement à l’économie formelle. On peut apprécier, à juste titre, ces dernières années, l’impact du mobile money dans le développement parallèle d’un modèle innovant d’inclusion financière. Quoique les mécanismes judiciaires de son encadrement soit encore en réflexion dans la sous-région.
In fine, pour reprendre les notes du ministère de l’Economie sur la rencontre, il faut savoir que la digitalisation permet « la réduction de l’impact du secteur informel en révélant des flux financiers souvent masqués dans l’économie informelle. Ce (qui) permet de ramener une part substantielle des transactions économiques dans l’économie visible, fournissant ainsi une base plus solide pour la politique fiscale et la planification économique. »
Après sa rencontre avec les acteurs gouvernementaux de la Transition, les spécialistes ivoiriens sur les questions de finance et d’économie sera face aux membres de la Fédération des entreprises gabonaises (FEG) dans quelques heures ou jours. Tidjane Thiam est âgé de 61 ans et c’est un fin connaisseur des mutations politiques, sociales, financières et économiques qui s’opèrent ces dernières années à travers le monde pour avoir travaillé avec des organismes tels que l’Union Africaine.
Flaury Moukala