Depuis que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) est aux commandes, de nombreux Gabonais s’interrogent sur ses vraies intentions, en dépit du fait qu’il ait clairement défini ses objectifs tournant autour des idéaux de libération du peuple et d’instauration de l’État de droit.
C’est dire que les militaires qui ont renversé Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023 ne semblent pas bénéficier d’un état de grâce dans l’opinion. Et pour cause, nombreux sont les citoyens qui, pour diverses raisons, ne supportent pas que « les mêmes causes produisant les mêmes effets« . Ils y voient une véritable collusion entre le CTRI et les dignitaires de l’ancien régime, accusés à tort ou à raison par bon nombre des Gabonais, si ce n’est par l’écrasante majorité de la population, d’avoir précipité le pays vers la fosse en y introduisant des pratiques contraires à ses us et coutumes. C’est peu de le dire, mais aussi en le spoliant comme s’ils avaient une revanche à prendre contre lui.
À les entendre parler, on a comme l’impression qu’ils se plaignent à tort, alors qu’il se susurrait que ces derniers sont en résidence surveillée et qu’ils devraient logiquement rendre compte à l’État pour leur mal-gouvernance, le président de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a choisi de leur accorder une audience, comme se disent-ils, pour les blanchir. Ce qui à leurs yeux s’apparente à une complicité. Nous ne faisons là que traduire le ressenti de ces Gabonais qui voudraient visiblement être rassurés sur le sens que le chef de l’État donne à une telle rencontre, même s’ils savent que dans le fond, il s’agit de compatriotes certes « indélicats » ou qui se sont illustrés comme tel, et qu’il est très certainement dans l’idée de l’inclusion des fils et filles du pays pour la Transition au lieu de déclencher une chasse aux sorcières, mais plutôt d’amener les anciens barons à se convaincre de l’idée qu’avec les autres, ils ont le Gabon en partage et qu’ils peuvent, eux-aussi, aujourd’hui, aspirer à participer à l’œuvre de reconstruction du pays, si nécessaire, en restaurant la bonne gouvernance institutionnelle, économique et social hérité d’une soixantaine d’années de monolithisme.
Des inquiétudes somme toute légitimes, si l’on tient compte de la sagesse populaire, « chat échaudé craint l’eau froide« . À y regarder de près, il y a comme une crise de confiance entre les populations qui veulent effacer de leur mémoire des décennies de douleur parfois dramatique d’anciens gouvernants dont elles ne sont pas sûres qu’ils sont capables d’une véritable mue. Surtout en un temps assez court. Eux qui semblent vivre des heures plutôt cauchemardesques au point de ruminer leur colère et être prêts à la vengeance si jamais l’occasion leur était offerte. Les Gabonais qui pensent ainsi tiennent à ce que des garanties leur soient apportées pour qu’ils admettent ce « mélange de genre« .
Nzamwil de Ndoumbou