Groupe industriel Cofondé par Gagan Gupta alors venu au Gabon dans les années 2010 pour gérer les activités du groupe singapourien Olam, les activités d’ARISE IIP dont la naissance remonte à il y a quelques années pourraient être sous cloche en raison des liens du groupe avec les gouvernants chassés, dont Ali Bongo Ondimba, président de la République.
Si depuis la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba avec qui le groupe entretenait des relations de proximité, les activités d’ARISE IIP au Gabon semblent pour l’instant ne souffrir d’aucun mal, il n’est pas certain que cette tranquillité perdure. Et pour cause, dans les coulisses des canevas règlementaires autorisés, ARISE IIP s’était érigé un monopole avec l’aide de l’ancien régime. Négoce dans les secteurs clés, transformation du bois, activités portuaires, agro-industrie, gestion aéroportuaire, infrastructures routières, logistique, le groupe avait emprise sur les secteurs clés de l’économie gabonaise au point que son expansion et sa puissance soulevait des questions.
Une légitimité qui prend véritablement forme en janvier 2023 avec la finalisation par ARISE, des participations d’Olam à hauteur de 116 milliards de francs CFA dans plusieurs activités. L’architecte de ce nouveau monopole n’est autre que Gagan Gupta, ancien puissant directeur général d’Olam très connu au Gabon. Ce deal, qui s’est concrétisé au fil du temps, a progressivement réduit le champ d’action d’Olam au Gabon et conféré à ARISE, une emprise de 72% de participation dans les activités clés appartenant autrefois au singapourien. La Zone économique spéciale de Nkok dont la figure de proue est Gabon Special Economic Zone SA (GSEZ) figure parmi ses références. À côté d’elle, figurent des entités telles que la Société autoroutière gabonaise (SAG).
Jouissant d’une position qualifiée autrefois de privilégiée vis-à-vis des décideurs, la présence d’Olam ou de son prédécesseur ARISE n’a jamais fait l’unanimité. Certaines voix autorisées se sont même parfois accordées à attribuer à la famille Bongo (Ali, Sylvia et Nourredin), le monopole dont jouissait cette entreprise. Ce monopole n’était cependant pas sans risque. « L’État doit prendre en compte le fait qu’il existe un risque de concentration, du fait du poids d’Olam dans plusieurs secteurs stratégiques de l’économie », alertait Mays Mouissi, nouveau ministre de l’Economie et des Participations de l’Etat, alors auteur d’une étude d’impact sur le groupe Olam. Ce sentiment était généralisé. Le groupe surfait sur des hauteurs que seul le pouvoir en place de l’époque lui accordait. Le groupe français Bolloré, autrefois leader sur des segments stratégiques tels que la logistique, en avait payé le prix de cette surpuissance lors de la construction du nouveau port d’Owendo (OMP).
Au Gabon, l’impact économique du groupe a souvent fait débat. Du fait des activités majoritairement basées sur l’exportation de ses produits, Jean-Louis Nkoulou Nkoulou, enseignant-chercheur en économie à l’Université Omar Bongo de Libreville, interrogé par Jeune Afrique, affichait sa peur que les activités d’Olam dont ARISE a racheté la grande majorité aujourd’hui, créent une « croissance appauvrissante ».
Ces dernières années, si la présence du groupe a favorisé la création des milliers d’emplois avec une valeur ajoutée créée de 3,6 % du PIB en valeur nominale pour l’économie gabonaise, la contribution du groupe aux finances publiques ne représente que 0,08% sur la période de 2012 à 2017. Parallèlement, le groupe a bénéficié d’une série d’avantages qui pourrait faire mouche pour le nouveau régime.
Flaury Moukala