Depuis le coup d’Etat du 30 août dernier, Libreville n’abrite plus le siège de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Par un coup de force majeur caché sous le pseudo d’une délocalisation temporaire, Malabo s’est arrogé les privilèges d’accueillir le siège de l’institution sous-régionale.
Après la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), le Gabon pourrait aussi perdre l’hébergement de la CEEAC. Profitant du coup d’Etat perpétré le 30 août dernier par les militaires à la suite des élections du 26 août jugées truquée, le président de la Guinée-Equatoriale, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo qui, conformément à l’article 7.3 du Règlement intérieur de l’institution a hérité de la présidence de l’organisation alors assuré par Ali Bongo Ondimba avant le coup d’Etat, a décidé de la délocalisation du siège de l’institution pour son pays.
Si le communiqué de la 4e session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernements organisée le 4 septembre à Djibloho, en Guinée équatoriale, faisait état d’une délocalisation temporaire, il pourrait en être autrement. D’autant plus que l’hébergement du siège d’une institution sous-régionale ou internationale a toujours été une marque de leadership à la fois pour les pays que pour les présidents qui les représentent. Le cas de la bataille qui durant plusieurs années a prévalu entre le Gabon et le Cameroun pour l’hébergement de la BVMAC édifie mieux sur les enjeux géopolitiques qui se jouent sur cette question.
Dans sa position de doyen des chefs d’Etat de la sous-région, eu égard à la brèche causée par l’action des militaires, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo a trouvé là, l’occasion d’asseoir son leadership en décidant de faire héberger le siège de la CEEAC dans son pays, alors que cela a été dévolu au Gabon. Le retour de ce siège au Gabon pourrait être difficile, surtout si les autorités de la Transition ou encore le futur président politiquement élu du Gabon ne parlent pas de la même voix avec le corridor des quatre dignitaires les plus influents de la CEEAC que sont Paul Biya, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo, Denis Sassou Nguesso ou encore Faustin Archange Touadera. L’échec de cette transaction pourrait fragiliser le leadership de Libreville.
Michael Moukouangui Moukala