Expert sur les questions économiques et grand critique de la gouvernance gabonaise sur la dernière décennie, Mays Mouissi vient d’être nommé ministre de l’Economie. Une nomination qui ne sera pas de tout repos pour ce brillant esprit, quand on sait qu’elle sera désormais le lieu pour ce dernier, de faire valoir ses compétences pour la relance de l’économie.
Après avoir critiqué la gouvernance gabonaise durant plusieurs années, notamment la gouvernance financière, la corruption, les détournements et malversations de fonds, l’investissement publics, le plafonnement de la dette globale du Gabon, le chômage, les réalisations, bref, les différents plans de cadrage macroéconomique, Mays Mouissi a été choisi par le président du Comité de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui pour être son ministre de l’Economie. Ce dernier remplace Nicole Jeanine Lydie Roboty Mbou à ce poste débouté par les circonstances suite au coup d’Etat qui a prévalu le 30 août dernier et qui a emporté son camp politique.
Diplômé comme son prédécesseur de l’Université Paris-I Panthéon Sorbonne (France), Mays MOUISSI est reconnu en France et au Gabon comme un brillant spécialiste des questions économiques. Autrefois responsable Éthique et Conformité du Groupe Carrefour, Mays Mouissi a aussi travaillé au Crédit Agricole comme chargé de la lutte contre la fraude, puis, à BNP Paribas, à la filiale bancaire en ligne du groupe Crédit Agricole, la banque BFORBANK avant de créer en 2016, son propre cabinet spécialisé en analyse économique.
Au Gabon, il est surtout connu pour la franchise de ses analyses sur la situation économique et sociale du pays. Depuis quelques années, tel un activiste, il n’a de cesse de mettre la pression sur l’ancien pouvoir avec des analyses qui mettaient en relief les manquements de leur gouvernance. Sa dernière en date, le bilan chaotique du second septennat d’Ali Bongo Ondimba (2016 – 2023). Un condensé analytique très critique qui pointe du doigt le manque de réalisme de 105 promesses du président de la République déchu pour seulement 13 réalisations.
En juillet dernier, alors qu’il se prêtait aux questions de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, Mays Mouissi faisait état de ce que « l’économie gabonaise est convalescente », car payant encore le tribut de la crise post-électorale de 2016, les conséquences de l’AVC d’Ali Bongo Ondimba et la pandémie de la Covid-19. Pour Mays Mouissi, pour sortir de cette situation, « il faut relancer durablement l’investissement public au Gabon ». Or, c’est justement sur ce chantier, semble-t-il, que se sont lancés les anciens gouvernements avec la mise en place du Plan triennal d’accélération de la Transformation (PAT). Si à son goût, ce programme de développement économique n’a pas tenu toutes ses promesses, son rôle en tant que nouveau ministre de l’Economie sera peut-être aussi de corriger les manquements inhérents à ce plan et pourquoi pas de mettre en application toutes ces connaissances de la gouvernance économique. Quoi qu’ici, entre la théorie et la pratique, le fossé sera peut-être grand.
Michael Moukouangui Moukala