Petit pays d’à peine 2,2 millions d’habitants et d’une population d’électeurs de moins d’un million, au Gabon, les élections présidentielles qui auront lieu dans quelques semaines mettront en compétition 20 candidats. Pour de nombreux observateurs, ce chiffre est de trop au regard de la démographie du pays.
Ali Bongo Ondimba, Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Pierre Claver Maganga Moussavou, Raymond Ndong Sima…et les autres vont dans quelques semaines, s’affronter aux urnes pour prétendre à la magistrature suprême après quatorze ans de règne du président sortant Ali Bongo Ondimba. Au total, ils sont une vingtaine des têtes à caresser le rêve d’être reconduit en qualité de président de la République ou de briguer un premier mandat présidentiel à la tête de l’Etat. Pour un pays dont la population est assez faible, ce nombre de candidatures pose problème et soulève des questions sur les vrais enjeux de la participation de certains candidats.
Entre figuration et ombrage de certaines candidatures, il est clair, sans besoin d’être un fin analyste politique que cette massive participation, proportionnellement à la population, n’est pas de nature à faire l’affaire d’une opposition qui depuis les années 60 peine à récupérer le pouvoir face à un Parti démocratique gabonais (PDG) visiblement invincible. Cette année, à l’occasion de l’élection présidentielle qui aura lieu le 26 août prochain, le scénario se répète. En ordre dispersé et face à une élection à un tour, l’opposition semble faire fi de l’histoire en agissant comme un malade frappé de trouble de mémoire. Cette désorganisation entretenue n’a de nature qu’à faire à Ali Bongo Ondimba, le lit pour une « victoire cash ».
Ce scénario n’est cependant pas digne. Encore moins proportionnelle, là aussi, à la dimension démographique du pays. En termes de comparaison concernant la participation aux élections présidentielles, le Gabon se loge à la même enseigne que le Nigéria qui du haut de ses 213 millions d’habitants, n’a enregistré en février dernier que dix-huit candidats pour l’élection présidentielle. La participation des candidats gabonais à l’élection présidentielle dépasse aussi celle des pays tels que la France, la Côte-d’Ivoire ou encore la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Dans ce méli-mélo, certains candidats seraient d’après des bruits du couloir, de fabrication du pouvoir pour juste faire de l’ombre, d’autres par contre caressent un rêve dont ils ont la certitude de sortir perdant, quand d’autres, à l’exemple des pointures de l’opposition telles qu’Alexandre Barro Chambrier ou encore Paulette Missambo se présentent comme les vrais adversaires du candidat sortant Ali Bongo Ondimba. Or, à la lecture de l’histoire et des événements, ce cafouillage des candidatures n’offre aucune assurance à une opposition qui depuis Mathusalem crie de toute sa voix à l’« Alternance ». Attendre que le PDG la lui donne est d’emblée, un rêve perdu d’avance. L’opposition doit s’armer de stratégie et ce n’est certainement étant dispersé qu’elle arrivera à ses fins.
Flaury Moukala