Longtemps considéré comme une « terre d’accueil » pour de nombreux immigrés, le Gabon aurait largement dépassé le seuil de tolérance, selon l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis).
« Le Gabon court le risque de voir sa population autochtone diminuer conséquemment sur les 10, 15 ou 20 années à venir ». Si la question ne semble pas préoccuper les autorités gabonaises, elle interpelle tout autant qu’elle inquiète les acteurs politiques. C’est le cas de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis) d’Hervé Patrick Opiangah. Son parti, qui s’est appesanti sur la question hier, jeudi 6 juillet, lors d’une sortie, a mis en exergue les facteurs qui l’ont amené à entrevoir cette possibilité. Selon l’UDIS, avec un taux annuel de natalité des Gabonais se situant à 2,6 % contre 6 à 7 % chez la population immigrée d’origine ouest-africaine, le risque d’un cannibalisme démographique des Gabonais est très élevé.
Pour Jo Dioumy Moubassango, l’un des porte-parole de l’UDIS, ces statistiques constituent « un problème grave sur lequel les autorités de notre pays doivent se pencher urgemment et sérieusement », d’autant selon lui, qu’il « représente(nt) une menace pour la sécurité intérieure de notre pays ». Au Gabon, ce n’est pas la première fois que l’hypothèse d’un seuil de tolérance dépassé est avancée. À l’aube des années 2000, selon une source, le média panafricain Jeune Africa tiré déjà la sonnette d’alarme sur cette réalité. En 2014, d’après Gabonreview, Laurent Nguetsara Lendoye, alors ancien directeur général du Cedoc, attirait à son tour l’attention sur la dangerosité d’une représentativité de 17 % de la population immigrée au Gabon. Largement dépassée selon notre confrère, au-dessus du seuil de tolérance qui lui se situe entre 5 et 7 %.
En 2020, ce taux aurait même augmenté de 1 % pour s’établir à 20 %. La cause, une immigration de masse et une politique de tolérance interne inexistante. Sans un ressaisissement, elle devrait peser sur de nombreux paramètres tels que l’autochtonalité des gabonais et l’occupation de l’espace. Déjà que ces deux préoccupations alimentent les débats suite aux échéances électorales à venir. « S’il n’y a pas une réelle politique qui incite les femmes gabonaises à faire des enfants, nous aurons un réel problème parce que les Gabonaises ne font pas d’enfants », prévient Suzanne Mazana-Mayimba.
Pour l’UDIS, il est urgent de réguler l’immigration au Gabon. Comme une réponse à son inquiétude, le Gouvernement via le ministère de l’Intérieur a lancé il y a quelques semaines, une mission de contrôle de cartes de séjour des étrangers vivants au Gabon. Si certains saluent cette initiative, d’autres la perçoivent cependant comme un moyen pour le gouvernement de se faire de l’argent. Du côté de l’UDIS toutefois, on est ferme sur la nécessité de penser une politique de régulation des immigrés. Depuis plusieurs semaines déjà, cette question fait débat au Gabon et pourrait avoir des conséquences sur l’élection présidentielle d’août.
Flaury Moukala