Quelques années après la survenue de la Covid-19, les gabonais ont renoué avec la célébration de la fête du travail. Cette année, une fois de plus, si le traditionnel défilé du bord de mer n’a pas prévalu, nombreuses sont les entreprises qui se sont mobilisées à l’occasion de cet évènement. Et pourtant, en dépit des images d’apparences d’euphorie professionnelle et autres, selon certains observateurs, le travail souffre à ce jour au Gabon de plusieurs maux.
Entre des travailleurs « maltraités », sous-payés et soumis à tous les vices en raison d’un marché de l’emploi détenant peu d’opportunités et de perspectives, le travail fait partie de ces facteurs qui ont perdu de la valeur dans notre pays pensent plusieurs travailleurs interrogés. Une situation qui s’explique par la perte du dynamisme de l’économie nationale, due en partie aux récentes crises économiques et à la problématique d’orientation des facteurs de production dans le pays.
En 28 ans en effet, de 1991 à 2019, si la population active occupée a selon les chiffres de la Banque mondiale (travailleurs) augmenté de 18,4%, soit de 48,5% à 66,9% au Gabon, des disparités entachent ces efforts. Et pour cause, depuis les années 90, la situation de l’accès à l’emploi s’est détériorée dans le pays, affectant notamment plus de 30% de la jeunesse en 2023.
Et pour cause, petits métiers, en dépit de détenir des gros diplômes, revenus esclavagistes, traitement parfois inhumain des employés dans certains secteurs d’activités, revendications à outrances aussi bien au public qu’au privé, non-respect de la réglementation nationale en matière de travail, paupérisation généralisée des travailleurs due à une situation économique nationale exécrable, en raison des récentes crises et salaires minables, le travail n’est plus au Gabon cette valeur qui procure à l’homme bonheur et stabilité s’est exclamé un ancien travailleur, aujourd’hui à la retraite.
Dans les faits, cela se traduit par une complexité à trouver un emploi dans le pays. Une réalité qui affecte de plus en plus des jeunes dont certains, pour y échapper, envisagent de partir à la recherche d’un meilleur emploi face aux rigidités du secteur. De quoi être d’accord avec le premier ministre, Alain-Claude Bilié-By-Nze lorsqu’il a interpellé les entreprises sur la nécessité d’impulser des politiques publiques de relance de l’emploi et de santé et sécurité au travail.
En s’adossant à cette position, on comprend aisément que les défis sont nombreux au Gabon en matière de développement de l’emploi et de lutte contre le chômage, et que la célébration de la fête du 1er mai, même si elle traduit l’engagement du Gabon de s’accommoder aux exigences internationales, masque certaines réalités quant à la valeur du travail. Une problèmatique certaine à quelques mois des élections présidentielles et des programmes de société des candidats déclarés.
Michaël Moukouangui Moukala