Le Ngil, masque à grande signification protectrice chez les peuples Fang du Gabon a été ce week-end, vendu à la coquette somme de plus de 2,700 milliards de francs CFA. Au Gabon, on dénonce un bien mal acquis du temps de la colonisation.
D’après le Commissaire-priseur, le masque aurait été collecté vers les années 1917 par un gouverneur français, René-Victor Edward Maurice Fournier. Cela fait donc plus d’un siècle qu’il existe. D’après des sources médiatiques françaises, il a été retrouvé dans un grenier par les descendants du gouverneur au moment de la vente d’une propriété familiale, dans le sud-ouest de la France.
Le masque qui est sculpté sur du bois est un objet rare et sacré dans les rites traditionnels Fang du Gabon. Sa vente a eu lieu à Montpellier, dans le sud de la France, le week-end écoulé. Au départ estimé à 300.000 à 400.000 euros, le masque a finalement été acquis pour un montant bien plus supérieur. C’est le deuxième masque Fang du Gabon vendu en France à un prix aussi important. En 2006, un masque de la même carrure avait été échangé à 5,9 millions d’euros.
Cette vente ne fait cependant pas l’unanimité. Dans la foulée de celle-ci, à Montpellier, un groupuscule des gabonais se sont invités à la vente aux enchères pour dénoncer la vente d’un « bien mal acquis » du temps colonial. « On va porter plainte. Nos ancêtres, les ancêtres de la communauté Fang, on va récupérer cet objet », a-t-il poursuivi.
Cette vente et les critiques autour relancent par ailleurs, la question de la restitution des œuvres africaines, notamment gabonaises, annoncés il y a quelques années par les autorités françaises et validés par les dirigeants africains dont les gabonais. Alors ministre de la Culture, Alain-Claude Bilié-By-Nze s’était d’ailleurs employé sur cette voie en annonçant en juin 2018, la création d’une commission nationale chargée du rapatriement des œuvres gabonaises.
Si le ministre d’alors de la Culture reconnaissait que ces œuvres font «parties intégrantes de l’âme gabonaise», on est en droit de se demander où s’est arrêté cette commission quand on sait que dans certains pays d’Afrique de l’Ouest notamment, le processus de restitution de ces œuvres a été entamé ? Quid du ministre actuel de la Culture suite à la vente du masque Ngil survenu le week-end écoulé ?
Flaury Moukala