Le 17 août 1960, sous la bienveillance de la France, ancienne puissance coloniale, le Gabon accédait à l’indépendance, comme de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne. Le temps de quelques jours de célébration, le Gabon se remémore son histoire tout en la magnifiant.
Entre la célébration, le 09 août dernier de la journée nationale du drapeau, les cérémonies officielles d’hommages aux « héros » et personnalités ayant marqué l’histoire de la nation gabonaise et les cérémonies en comité restreint en raison de la pandémie de coronavirus ; l’ouvrage est bel et bien, ces derniers jours, à la célébration de la fête nationale.
C’est la 61e fois que le Gabon se prête à un exercice commémoratif. L’histoire, son histoire lui oblige. Celle-ci ne va d’ailleurs pas s’arrêter là, puisque la commémoration de l’accession du pays à l’’indépendance est désormais une tradition linéaire. Une tradition de laquelle jaillit malheureusement les échecs de l’évolution à reculons du pays, coincé entre immobilisme social, politique et économique sous le diktat de la Françafrique lègue du célèbre Jacques Foccart.
Partout dans le pays, ce sentiment d’une indépendance inachevée gagne les cœurs année après année. Même les instances de la République ne sont pas moins, pour autant, à l’opposé de cette pensée populaire. Pour reprendre l’historien et politologue camerounais, Achille Mbembe, « la vérité est que la lutte africaine pour une autonomie relative est loin d’être terminée ». Le Gabon souffre lui aussi, de cet échec, puisque l’histoire de sa relation avec la France est surtout une histoire d’intérêts unilatéraux. C’est ce que clamait d’ailleurs le Général De Gaulle. Depuis sa disparition, cette amitié par intérêt n’a jamais changé.
Pour tenter de trouver sa voie économique et diplomatique, le Gabon réécrit depuis quelques années, les pages de son histoire sous l’impulsion de la convergence des nouveaux deals notamment économiques avec l’Asie. Le volet diplomatie n’est pas moins à l’écart avec la volonté du Gabon de faire partie des pays membres du Commonwealth, cette organisation intergouvernementale composée majoritairement d’anciens territoires de l’empire britannique. Ali Bongo Ondimba voit ce projet d’adhésion comme une opportunité pour le pays, de s’ouvrir davantage tout en profitant d’opportunités multiformes.
Ce qui transcende de cette volonté d’adhésion, c’est surtout la preuve que l’influence française au Gabon en particulier et en Afrique en générale est désormais mal appréciée. La France a conscience de cela ! Pour ce faire, invitait Paul-Marie Gondjout, opposant gabonais, cette dernière à revoir sa relation avec le continent. C’est la seule façon pour l’ancienne puissance coloniale, de garder le monopole colonialiste sur les quelques pays africains qu’elle semble encore maîtriser.