Quoique privé de sa solennité habituelle à cause de la crise sanitaire liée au Coronavirus, l’anniversaire de l’accession du Gabon à l’indépendance reste un moment particulièrement chargé de souvenirs. La célébration de cet évènement que d’illustres devanciers avaient appelé de leurs vœux, nos esprits continueront d’en porter une marque indélébile. C’est pour oser le partager avec tous les compatriotes et les personnes attachées sincèrement à ce pays et à son histoire que ‘‘Reflets Gabon’’ se fait l’obligation, non seulement d’en rappeler le contexte, mais aussi de brosser, 60 ans après, un tableau de l’évolution du Gabon sur les plans politique, économique, social, culturel et sportif.
Edito : un sage m’a dit…
Pour le paraphraser :
» mon fils, un jour, tous les hommes seront indépendants, mais toutes les indépendances n’ont pas la même signification ». On dit, comme de Jésus, de nos sages qu’ils parlent souvent en paraboles, ce pourquoi leur message est difficilement accessible au commun des mortels. Ce qui nous oblige à nous soumettre à l’exercice périlleux d’explication d’une pensée qui, nous osons le croire, fera toujours débat puisque devant mettre ad vitam- aeternam en opposition ceux défendant la thèse selon laquelle, les indépendances de l’Afrique francophone à laquelle appartient le Gabon ont été octroyées et ceux qui, par contre, affirment qu’elles ont été, en dépit de leur caractère pacifique, le fruit d’un long labeur parfois pénible. Pour notre part, nous veillerons, peut- être aussi pour provoquer la polémique, ce qui n’est pas sans conséquences pour l’éveil des consciences, à ne revenir dans notre propos qu’à ceux du sage, sans partie pris cependant !
Il ne faut pas dire que, parce qu’elles n’ont pas été, comme celles d’autres pays africains, nous ne citerons ici que ceux parlant Portugais, ‘‘les Lusophones’’, obtenues au bout du canon, celles de l’Afrique francophone n’en n’ont pas la même saveur, loin s’en faut ! Puisqu’elles sont intervenues, c’est particulièrement celle du Gabon qui nous intéresse, mon fils, dans un contexte de déconfiture connue par ‘‘la mère Patrie’’, la France, sur de nombreux théâtres d’opération dont certains ont tristement pour nom : Indochine et Algérie. Il s’en est fallu parfois de peu pour qu’au sud du Sahara, nos ‘‘braves tirailleurs sénégalais’’ ne s’inspirent de cette révolte des peuples colonisés, eux qui, sortant de la guerre 14- 18 et/ ou de celle de 39- 45, étaient désormais décomplexés à l’idée que ‘‘l’immortel’’ était aussi mortel ; pour faire du continent une poudrière. Heureusement qu’il eut à Conakry, un jeune syndicaliste qui fit entendre, contre son gré, raison au bouillant général de Gaulle, lui assenant, non pas des coups de crosse, mais un cinglant : ‘‘je préfère la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage’’, pour le raviser et lui faire comprendre que, comme Sekou Touré, de nombreux Africains aspiraient à l’indépendance.
La Conférence de Brazzaville (capitale de l’Afrique équatoriale française- AEF) fut donc convoquée à dessein puisque, la mort dans l’âme, le colonisateur devait passer à une autre étape, voulue obligatoire par les mouvements de l’histoire, de la gestion de son hégémonie. Il fallu nécessairement éviter l’embrasement, la France ne pouvant pas continuer à soutenir l’effort de guerre, en invitant avec réalisme bien qu’avec roublardise, l’amertume se lisant sur le visage du ‘’Civilisateur’’, les peuples jusqu’ici colonisés à opérer le choix historique entre la communauté et l’indépendance. D’où l’organisation dare dare d’un référendum qui coûta cher à tous les pays et personnalités qui décidèrent de se libérer du joug colonial. L’histoire qu’on n’enseigne pas encore à nos enfants, nous avons foi en l’avenir, Emery Patrice Lumumba ayant prédit qu’un jour l »Afrique écrira sa propre histoire…passant outre les supplices qu’ont fit subir, comme c’est hélas encore le cas aujourd’hui, à de vaillants et braves patriotes dont le seul tort était ou est de vouloir penser par eux- mêmes. Au Gabon, mon fils, Dieu seul sait si c’en a pas ou si c’en est pas le cas !
A mon humble avis, il n’y a pas de supposition à faire, qui d’entre ces hommes que nous voyons n’aspire pas à la liberté et à tous ses bienfaits ? Loin de moi l’idée de croire que l’indépendance est un gadget octroyé pour satisfaire les caprices. C’est pourquoi, elle mérite, quoiqu’on dise, d’être célébrée ! Quelques temps après m’avoir tenu ces propos, le sage mourut, me laissant penser au musicien congolais Franklin Boukaka qui m’a appris que toutes les morts n’ont pas la même signification.
Jérémie- Gustave Nzamba