Nos comportements extravertis nous condamnent sans cependant que nous ne tirions les leçons. Combien d’Africains nantis ne possèdent pas de comptes en Europe, aux Etats- Unis, dans les paradis fiscaux disséminés ci et là à travers le monde ? Une infime quantité si l’on en croit des rapports contenus dans des journaux spécialisés ou révélés par la justice de pays avec lesquels l’Afrique a des relations séculaires, des rapports de nature à nous ridiculiser, car à la limite scandaleux les uns tout aussi que les autres. Et pourtant, ils ne semblent pas influencer les comportements de ces « mis- en- cause » dont certains sont trainés devant la justice quand ils ne sont pas simplement privés de leurs biens au motif qu’ils seraient « mal- acquis ».
Théodorin Obiang- Nguema, Vice- président de Guinée- Equatoriale, ci- devant fils du chef de l’Etat équato- guinéen, Théodoro Obiang Nguema Mbasogo, vient une fois de plus de défrayer la chronique en étant jugé en France dans le cadre d’une affaire de « biens mal acquis » qui le poursuit et lui colle à la peau depuis maintenant plusieurs années. Verdict du procès qui s’est récemment tenu dans l’Hexagone, la condamnation à la prison avec sursis. Cette sanction qui ne s’est donc pas traduite par la prison ferme, dénote cependant une volonté des autorités françaises de souiller l’honneur des responsables africains. Ce qui, au plus fort du manque de considération qui entache les relations entre gouvernants et gouvernés dans plusieurs pays d’Afrique, pourrait se traduire par des revendications aux conséquences parfois incalculables. Certaines puissances sont aujourd’hui pointées du doigt par un bon nombre d’Africains qui les rendent responsables de ce qui arrivent à leur pays. D’autres en sont à compatir, en adoptant la même attitude, des malheurs de leurs frères. Est- on sûr que la situation qui prévaut en ce moment en Libye, pays divisé entre un gouvernement reconnu par la communauté internationale et les forces du général Khalifa Haftar, ne préoccupe pas la majorité des Africains ? Nous avons évoqué le cas du Vice- président de Guinée- Equatoriale et ses démêlées avec la justice française, il est d’autres cas que l’on n’évoque peut- être pas encore avec autant d’insistance, mais qui méritent d’être cependant soulignés. Tel est celui de la fille de l’ancien président angolais, Jose Eduardo- Dos Santos, Isabel Santos, qui a quitté l’Angola pour s’installer définitivement en Europe depuis 2017 qu’elle a été évincée par le nouveau pouvoir de Luanda de la Direction générale de la puissante société pétrolière « Sonangol ». Ses comptes bancaires sont à présent bloqués en Europe dans le cadre d’une poursuite initiée par les autorités angolaises. Ces deux cas qui nous interpellent nous amènent nous poser la question de savoir qu’est- ce que tous ces biens font à l’extérieur du pays, dire que celui- ci en a besoin pour assurer son développement ?
Patriotisme tel une panacée !
En effet, la majeure partie de la population, nous apprennent des organismes de notation internationaux s’occupant d’identifier par exemple l’indice de développement humain, le fameux IDH, vit sous le seuil de pauvreté avec par jour parfois et dans le pire des cas, moins de 1 dollar. Quelle peut être l’origine de l’insolente fortune de plusieurs hautes personnalités africaines dont certaines sont encore aux affaires ? S’il arrive que certaines clament publiquement leur fortune et qu’elles se prévalent d’avoir mis de côté grâce à leur travail, pourquoi n’optent- elles pas souvent pour injecter leur argent dans le circuit économique national ? Certes, tout le monde sait la valeur ajoutée qui peut découler des placements de cet argent dans des banques à l’étranger dans des pays développés quand ce n’est pas pour le sécuriser, les conditions du blanchiment n’étant peut- être pas réunies, mais n’est- il pas utile également de réserver une bonne partie pour l’accomplissement de projets locaux à forte connotation socio- économique ? Cela aurait pourtant le mérite de justifier le discours tenu vis- à- vis des populations qui ont de plus en plus de mal à les croire. Cela est- il possible ? Oui, car même si les exemples ne courent pas la rue, on peut aisément en énumérer cependant. Au Cameroun, lors de la période de trouble annoncée à « Cameroun Airlines », il y a des décennies, un milliardaire nommé Victor Fotso, considérant que la compagnie aérienne constituait un fleuron pour son pays, décida purement et simplement de la racheter, l’Etat donnant des signes d’essoufflement, peut- être pas essentiellement parce que les moyens financiers lui faisaient défaut, mais certainement parce qu’il était en train d’étudier de nouvelles formules de rentabilisation. Quoique les objectifs assignés à la « CAMAIR » new- look n’aient pas été atteints, l’histoire retiendra qu’il est des Africains nobles qui mobilisent leur argent, honnêtement obtenu ici, pour sauver l’honneur national et permettre à leurs compatriotes guettés par le dénuement de se prendre en charge et de donner un sens à leur vie, pour ne pas dire rêver d’un avenir plus radieux. Au Gabon, il fallut par exemple l’émission « les Dossiers de la RTG » présentée sur la première chaîne de télévision nationale pour savoir que le Premier- ministre de l’époque, Léon Mebiame Mba, avait une usine de traitement de marbre en Italie, alors que cette matière première se trouve bien dans son pays dans lequel quelques citoyens formés dans ce domaine continuaient de demeurer au chômage. Il serait difficile de savoir qu’est- ce qui se passe dans la tête de nombre d’Africains fortunés pour qu’ils n’aient d’yeux que pour l’extérieur ou l’étranger, nous poussant à confirmer leur trop forte extraversion.
La Rédaction